Amateurs de vitraux : voici une occasion exceptionnelle d’admirer de près l’un des chefs-d’œuvre de l’art de la fin du Moyen Âge. À l’occasion des Journées du patrimoine 2014, l’atelier VitrailFrance ouvre ses portes le 21 septembre et présente quelques panneaux restaurées de la rose de l’Apocalypse datant du XVe siècle (détails ici).

©VitrailFrance – Guy Boyer

Offerte par le roi Charles VIII, la nouvelle rose flamboyante a été réalisée entre 1485 et 1490 d’après des cartons du Maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne : Jean d’Ypres (?). Il s’agit d’une des nombreuses œuvres de cet artiste polyvalent, dont l’activité de « pourtraiture » est aujourd’hui bien documentée. Il fournit des projets dessinés pour des vitraux (vies de la Vierge et de Saint Jean-Baptiste à Paris et en Normandie), des tapisseries (Dame à la licorne, Chasse à la licorne), mais il est surtout reconnu pour ses talents d’enlumineur et son manuscrit emblématique, les Très Petites Heures d’Anne de Bretagne.

Jean d’Ypres est, en 1485, un acteur essentiel de la scène artistique parisienne et l’un des membres d’une famille incontournable d’artistes dans la 2de moitié du XVe siècle. André d’Ypres (le maître de Dreux Budé?) s’installe à Paris en 1444 et réalise la Crucifixion destinée à la Grande Chambre du Parlement de Paris.


Son fils, Colin d’Amiens (le maître de Coëtiviy?) est peintre lui aussi, et on lui attribue entre autres le tableau de la Résurrection de Lazare, le modèle de la Mise au Tombeau monumentale de Malesherbes, et les patrons pour les 11 pièces de la tenture illustrant la Guerre de Troie. Colin d’Amiens a deux fils : Jean (le maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne), et Nicolas d’Ypres, actif en Provence autour de 1500.



Le « style d’Ypres », imité et diffusé à maintes reprises, a connu un grand succès à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle. En s’adressant au maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne pour réaliser les cartons de son vitrail, Charles VIII choisit l’un des peintres les plus importants du panorama artistique parisien à cette époque. Il illustre parfaitement le rôle clé du peintre et de son activité de « pourtraiture », dont les modèles sont adaptés à différents supports et différentes techniques.

Aujourd’hui, la restauration des 136 panneaux de la rose occidentale de la Sainte-Chapelle a permis de lancer un nouveau programme de recherche pluridisciplinaire, en partenariat avec le Centre Chastel (Paris IV), l’IMPMC (Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie Paris VI) et du Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques et l’utilisation, entre autres, d’AGLAE (Accélérateur Grand Louvre d’Analyse Élémentaires) qui permet l’analyse des verres et des peintures du vitrail sans prélèvement.

Après un travail de 10 mois, mobilisant une équipe de 8 personnes, les panneaux de la rose renaissent dans l’atelier VitrailFrance. Après la dépose, les vitraux ont été transportés au Mans pour subir un nettoyage minutieux et de nombreuses étapes de « remise en forme » : dessertissage des verres, retrait des plombs de casse et collage des verres brisés, compléments de peinture et remise en plomb.



Ouverture des ateliers de VitrailFrance (17 rue de Tacher, 72000 Le Mans), dimanche 21 septembre 2014, de 10h à 17h : présentation des techniques de restauration et de certains panneaux de la rose de la Sainte Chapelle de Paris (accès par groupes restreints).