Entre la Fondation du Patrimoine Culture Prussien et les héritiers de quatre marchands d’art juifs, le torchon brûle. L’objet de la querelle : rien de moins que le plus grand trésor d’église conservé dans un musée. Le « trésor des Guelfes », composé de 44 pièces médiévales d’orfèvrerie (reliquaires, objets liturgiques) il provient de la cathédrale de Brunswick et comme son nom l’indique, a été régulièrement enrichi par les ducs guelfes.

Dans les années 1920-1930, ce trésor est vendu à une association de marchands d’art de Francfort (82 pièces). Une quarantaine d’entre elles est ensuite revendue à des musées et des collectionneurs privés. En 1935, l’Etat prussien rachète (à l’initiative de Goering) les pièces restantes 4,2 millions de Reichsmarks, qui sont ensuite placées au musée des Arts Décoratifs de Berlin.

Aujourd’hui, les héritiers de quatre de ces marchands estiment que leurs aïeux ont été forcés de vendre ces oeuvres. En témoigne le prix payé : environ 2 millions d’euros alors que le trésor est estimé à 200 millions d’euros. L’affaire est portée devant la commission Limbach, chargée de la restitution des biens spoliés durant l’Holocauste. Entre temps, deux bijoutiers eux aussi héritiers des marchands francfortois ont rejoint l’affaire. Suite à ces nouvelles révélations, la commission Limbach a décidé d’établir une liste exhaustive des membres de l’association qui a acheté en 1922 l’intégralité du trésor, avant de statuer définitivement.
Le trésor des Guelfes possède parmi les plus belles pièces d’orfèvrerie médiévales, exposées actuellement au Bode Museum.
On croit rêver ? Des marchands véreux se permettent tout et utilisent la seconde guerre mondiale pour voler le patrimoine à une institution publique.
L’argument de la « vente forcée » n’a aucune consistance, elle est impossible à prouver et les escrocs le savent bien. Ils savent pertinemment qu’une éventuelle accusation de « collaborateurs » ou de « nazis » équivaut à une mort sociale dans l’Allemagne contemporaine. Les musées allemands préféreront toujours négocier plutôt que de dénoncer des escrocs pour ce qu’ils sont et passer pour antisémites. Ces restitutions sont devenues une farce, elles ne sont rien d’autre que du racket à grande échelle.